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Série documentaire : Roquefort, le blues du centenaire ?

On se retrouve pour une nouvelle trilogie documentaire autour du Roquefort, qui fêtait cette année le centenaire de son AOP. Vous n’avez pas pu passer à côté… Mais derrière les cotillons, la filière traverse pourtant de grands enjeux.

3 épisodes à venir

1925. Depuis cette année-là, on ne peut plus produire du roquefort n’importe où ni n’importe comment. C’est en décrochant son appellation d’origine, la toute première en France, que le « roi des fromages » a été défini par la loi. Pour le consommateur, cela assure sa traçabilité : fini le roquefort au lait de vache, de brebis et de chèvre réunis. Pour les éleveurs, les laitiers et les fabricants, c’est l’assurance d’ancrer l’activité sur un territoire précis et de pérenniser, ainsi, une filière économique non-délocalisable, par définition.

3 mastodontes mondiaux

Dans les grandes lignes, environ 2600 agriculteurs alimentent 7 entreprises, seulement, qui fabriquent aujourd’hui les 14 000 tonnes de roquefort commercialisées chaque année dans le monde. Parmi ses 7 fabricants, on compte trois mastodontes de l’industrie agroalimentaire mondiale : Lactalis, Savencia, Sodiaal. Les trois leaders industriels français ont leurs propres caves à Roquefort, c’est dire l’attrait de cette filière. A eux trois, ils représentent 95% de la production de roquefort. Les quatre « petits », comme on les appelle souvent, se partagent les 5% restants.

Bataille foncière

Juste en disant cela, on comprend que, derrière la vitrine du centenaire, fêté en 2025, se cachent des enjeux plus insoupçonnés : car si la convoitise de grands groupes agroalimentaires a permis au roquefort de s’exporter dans le monde entier, d’être un fleuron du capistalisme agroalimentaire, elle a aussi participer à vider, littéralement, le village de Roquefort-sur-Soulzon, aujourd’hui quasi-fantôme. Puisque le cahier des charges de l’appellation d’origine oblige les fromages à être affinés dans les caves du village, et nulle part ailleurs, la bataille foncière fait rage. Jusqu’à laisser sur la touche des éleveurs qui voudraient renouer avec la fabrication fermière du roquefort, comme il était coutume jusqu’au XIXe siècle, avant l’industrialisation de la filière.

Si les acteurs ont réussi, en 1925, à s’allier pour défendre bec et ongle leur fromage face à une concurrence débridée, à la sortie de la première guerre mondiale, il est une autre paire de manche que de faire perdurer cette solidarité dans un marché plus que jamais mondialisé, dans un contexte de difficile renouvellement des générations en agriculture, et parmi des habitudes alimentaires en perpétuelle évolution. Face à la baisse de consommation enregistrée par le roquefort depuis plusieurs années, la filière est bousculée. Mais le cahier des charges demeure pour protéger l’unicité du produit, du « roi des fromages ». Allier la puissance capitalistique du produit à son ancrage ancestral… en voilà un sacré défi à relever !

Une trilogie documentaire de Finta !… à partir du 20 décembre 2025, dans vos oreilles !

  • épisode 1 : A jamais les pionniers
  • épisode 2 : Derrière l’industrie, un village fantôme
  • épisode 3 : Il faut sauver le soldat Roquefort !

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